lundi 12 avril 2010

Investissements massifs des entreprises des pays émergents en Afrique

Tous les grands pays émer­gents pa­rient au­jourd’hui sur l’Afrique. Avec un mil­liard d’ha­bi­tants dont le pro­fil de consom­ma­tion les place juste der­rière l’Inde, l’Afrique a amor­cé sa tran­si­tion dé­mo­gra­phique et son ur­ba­ni­sa­tion. Son in­dus­tria­li­sa­tion, quant à elle, est en bonne voie dans plu­sieurs pays du conti­nent.

Les in­ves­tis­seurs in­diens, chi­nois, bré­si­liens ou ma­ro­cains l’ont bien com­pris. Ils contri­buent à dé­ve­lop­per sur le conti­nent un “éco­sys­tème” d’af­faires, et leurs Etats y jouent la carte d’un dé­ve­lop­pe­ment par l’in­dus­tria­li­sa­tion au­quel les bailleurs des pays dé­ve­lop­pés ne vou­laient plus croire. Et c'est grâce à leurs im­menses ré­serves de change que ces pays émer­gents fi­nancent leurs in­ves­tis­se­ments.

L’Inde: un par­te­naire his­to­rique pour l’Afrique

L’om­ni­pré­sent groupe Tata est le fer de lance de la stra­té­gie afri­caine de l’Inde de­puis les an­nées 1960. il y a in­ves­ti ré­cem­ment un mil­liard de dol­lars (soit 726 mil­lions d’euros dans les té­lé­com­mu­ni­ca­tions, dans l’au­to­mo­bile au Kenya, en Zam­bie, en Al­gé­rie...), dont les im­pli­ca­tions sur le plan ur­bain (mo­der­ni­sa­tion des au­to­bus) et sur celui des trans­ferts de sa­voir-faire (in­for­ma­tique) ont été sa­lués par le pré­sident sé­né­ga­lais Ab­dou­laye Wade.

Les en­tre­prises in­diennes visent le long terme: Dr. Reddy’s Lab et ses mé­di­ca­ments gé­né­riques ont chan­gé la santé du conti­nent; Bar­thi Te­le­com vient de ra­che­ter au qa­ta­ri Zayn son ré­seau dans dix-sept pays afri­cains et parie sur un boom du por­table. Le gou­ver­ne­ment in­dien sou­tient de­puis 2002 le dé­ve­lop­pe­ment in­for­ma­tique et mé­di­cal du conti­nent, via son pro­gramme Focus Afri­ca.

Le Bré­sil: le pays qui monte en Afrique

Les en­tre­prises bré­si­liennes sont, elles aussi, pré­sentes: WEG vend ses mo­teurs élec­triques dans vingt pays, Mar­co­po­lo construit des bus en Afrique du Sud, Ode­brecht couvre de chan­tiers de construc­tion la Na­mi­bie, l’An­go­la et le Mo­zam­bique (in­fra­struc­tures mi­nières et fer­ro­viaires, usines d’étha­nol, bu­reaux, su­per­mar­chés). Là en­core, les en­tre­prises sont sou­te­nues par leur gou­ver­ne­ment dans une vi­sion de dé­ve­lop­pe­ment à long terme: la val­lée du Zam­bèze va voir naître une agro-in­dus­trie de type bré­si­lien (soja, maïs, éle­vage bovin...).

Le Maroc voit dans l’Afrique sub­sa­ha­rienne l’op­por­tu­ni­té d’in­ter­na­tio­na­li­ser ses en­tre­prises

Après avoir in­ves­ti dans les mines (la Ma­na­gem en Gui­née et au Bur­ki­na Faso) et les té­lé­com­mu­ni­ca­tions (Maroc Te­le­com gère les ré­seaux en Mau­ri­ta­nie, au Bur­ki­na Faso, Gabon et Mali), les en­tre­prises ma­ro­caines s’in­té­ressent au dé­ve­lop­pe­ment du ter­ri­toire et au sou­tien à l’ac­ti­vi­té éco­no­mique. La Royal Air Maroc, pré­sente dans Air Sé­né­gal, a re­com­po­sé l’es­pace aé­rien ouest-afri­cain. At­ti­ja­ri­wa­fa Bank et la Banque Ma­ro­caine du com­merce ex­té­rieur (BMCE) sont pré­sentes dans toute l’Afrique de l’Ouest et cen­trale fran­co­phone, où elles fi­nancent les en­tre­pre­neurs lo­caux.

C’est le Maroc qui est char­gé de l’élec­tri­fi­ca­tion ru­rale tant at­ten­due dans le nord du Sé­né­gal, le gre­nier agri­cole du pays. D’autres en­tre­prises telle Ynna se po­si­tionnent sur des pro­jets liés aux res­sources en eau, au tou­risme, à l’im­mo­bi­lier.

La Chine: une stra­té­gie pla­ni­fiée d’ex­pan­sion en Afrique

Au delà de l’accès aux res­sources na­tu­relles et au BTP, les en­tre­prises chi­noises dé­ve­loppent les té­lé­com­mu­ni­ca­tions en Zam­bie, au Zim­babwe, au Niger, au Bénin, au Togo et de plus en plus le tex­tile. Avec l’ou­ver­ture pré­vue en 2011 d’une zone éco­no­mique spé­ciale en Egypte (in­for­ma­tique, tex­tile, au­to­mo­bile), l’in­dus­trie chi­noise en­tre­ra dans l’es­pace eu­ro­mé­di­ter­ra­néen. Le pro­jet de ter­mi­nal d’hy­dro­car­bures au nord du Kenya va désen­cla­ver un Sud-Sou­dan déjà se­mi-au­to­nome.

Le quatrième forum de co­opé­ra­tion si­no-africaine de novembre 2009 a renforcé un fonds de co­dé­ve­lop­pe­ment d’en­tre­prises, et a mis en place un fonds de fi­nan­ce­ment de 100 projets de lutte contre le ré­chauf­fe­ment cli­ma­tique et de 100 autres concer­nant l’eau, les cé­réales et le dé­ve­lop­pe­ment so­cial.

In www.Afriqueavenir.org

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