mercredi 3 mars 2010

Accroissement des liens économiques entre le géant brésilien et le continent africain

Accroissement des liens économiques entre le géant brésilien et le continent africain

Pre­mier pro­duc­teur de fer et deuxième groupe mi­nier mon­dial, le groupe bré­si­lien Vale pour­suit son of­fen­sive en Afrique. Déjà très pré­sent en Gui­née, au Gabon, en An­go­la, en Zam­bie et en Afrique du Sud, le groupe avait ou­vert en oc­tobre 2009 un bu­reau d’ex­plo­ra­tion en Ré­pu­blique Dé­mo­cra­tique du Congo.

Au­jourd’hui, Vale an­nonce un in­ves­tis­se­ment de 1,3 mil­liards de dol­lars pour ex­ploi­ter l’un des plus vastes gi­se­ments de char­bon du monde au Mo­zam­bique. C’est le plus im­por­tant in­ves­tis­se­ment ja­mais an­non­cé par une en­tre­prise bré­si­lienne. Un signe fort de l’in­fluence gran­dis­sante du pays sur le conti­nent afri­cain...

Des in­ves­tis­se­ments en aug­men­ta­tion constante de­puis les an­nées 2000

L’in­ves­tis­se­ment de ce géant mi­nier illustre l’in­té­rêt crois­sant du Bré­sil pour le conti­nent et la dé­ter­mi­na­tion de ses en­tre­prises à s’in­vi­ter dans la conquête des res­sources afri­caines. Certes, les in­ves­tis­se­ments bré­si­liens en Afrique ont mo­des­te­ment at­teint 10 mil­liards de dol­lars de­puis 2003. Et la pré­sence com­mer­ciale chi­noise ou in­dienne a déjà noué des liens plus étroits sur le ter­rain. Mais à l’exemple de Vale, les en­tre­prises bré­si­lienne bé­né­fi­cient du sou­tien in­con­di­tion­nel de Luiz Inácio Lula da Silva. Le pré­sident bré­si­lien s’est rendu en Afrique à huit re­prises de­puis 2003, deux fois plus que le Chi­nois Hu Jin­tao. Des liens his­to­riques, lin­guis­tiques et cultu­rels contri­buent à faire au­jourd’hui du Bré­sil un mo­dèle de dé­ve­lop­pe­ment, no­tam­ment pour les pays lu­so­phones (An­go­la et Mo­zam­bique prin­ci­pa­le­ment).

Echanges éco­no­miques en forte hausse

Pro­pul­sé par la forte de­mande bré­si­lienne en ma­tières pre­mières, le com­merce avec l’Afrique a connu une pro­gres­sion ful­gu­rante au cours de la dé­cen­nie. Les ex­por­ta­tions afri­caines vers le Bré­sil ont ex­plo­sé en at­tei­gnant 18,5 mil­liards en 2008, contre 3 mil­liards de dol­lars en 2000. Prin­ci­paux ex­por­ta­teurs vers le Bré­sil, le Ni­ge­ria, l’Al­gé­rie, mais aussi l’An­go­la, consti­tuent des sources d’ap­pro­vi­sion­ne­ment en hy­dro­car­bures de pre­mières im­por­tances pour le géant sud-​amé­ri­cain. À l’in­verse, les pro­duits ali­men­taires bré­si­liens ont trou­vé des dé­bou­chés im­por­tants, comme en Égypte. Au cours de la même pé­riode, le pays du pré­sident Lula a mul­ti­plié ses ex­por­ta­tions par huit vers le conti­nent afri­cain de­puis 8 ans.

Des échanges qui s’ac­cen­tue­ront avec l’ar­ri­vée de Vale. Le géant mi­nier dis­pose d’une conces­sion de vingt-​cinq ans dé­cro­chée en 2004. Pour ex­ploi­ter le gi­se­ment à ciel ou­vert de Moa­tize, le groupe est à l’œuvre avec l’aide du conglo­mé­rat Ode­brecht (in­gé­nie­rie, construc­tion, pé­trole, gaz, bio­car­bu­rants, chi­mie, im­mo­bi­lier…), fort d’un chiffre d’af­faires de 17,5 mil­liards de dol­lars en 2008. Pré­sent en Afrique de­puis 1984, Ode­brecht est im­plan­té dans une di­zaine de pays (Congo, RDC, Dji­bou­ti, Gabon…) et consti­tue même le pre­mier em­ployeur en An­go­la avec des ac­ti­vi­tés dans la ges­tion de su­per­mar­chés, la pro­duc­tion d’étha­nol ou de den­rées ali­men­taires.

La ré­gion de Moa­tize, dans le nord-​ouest du Mo­zam­bique, en plein dé­ve­lop­pe­ment

L’an­nonce de l’in­ves­tis­se­ment, en ges­ta­tion de­puis oc­tobre 2009, a fait de Tete une ville-​cham­pi­gnon de 150 000 ha­bi­tants vers la­quelle af­flue la main-​d’œuvre ­étrangère et où s’im­plantent de pe­tites en­tre­prises en quête d’op­por­tu­ni­tés grâce à l’in­ves­tis­se­ment bré­si­lien. « Chaque fois que je viens ici, c’est de plus en plus dif­fi­cile. C’est sans doute ce qu’a connu Jo­han­nes­burg au mo­ment du Gold Rush », ob­serve An­to­nio Cou­tin­ho, di­rec­teur d’une banque sud-​afri­caine contri­buant au fi­nan­ce­ment de cet in­ves­tis­se­ment, qui doit trans­fi­gu­rer l’éco­no­mie du Mo­zam­bique et mettre un terme à la dé­pen­dance du pays à l’aide in­ter­na­tio­nale.

Dans un pre­mier temps, la pro­duc­tion an­nuelle de­vrait at­teindre 11 mil­lions de tonnes, dont six à huit mil­lions ex­por­tées. Ce qui his­se­ra le Mo­zam­bique au deuxième rang des pro­duc­teurs de char­bon du conti­nent, der­rière l’Afrique du Sud. Dans un se­cond temps, les Bré­si­liens en­vi­sagent de pro­duire 24 mil­lions, voire 40 mil­lions de tonnes par an.

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